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MSC : conditions de développement

mardi 31 janvier 2012


Les praticiens des monnaies sociales et complémentaires sont tous plus ou moins confrontés à de mêmes résistances (collectives, lobbyistes, orthodoxie, (re)connaissance, légalité, etc.), et ce, à différentes échelles (de territoire, d’action, de moyens, etc.). Résistances qu’il s’agit de dépasser, pour réussir un saut d’échelle, au nom des potentialités qu’offrent ces nouvelles dynamiques monétaires.


Extraits du Cahier d’espérance "Richesses et monnaies", produit par le Collectif Richesses pour les Etats Généraux de l’Economie sociale et solidaire(Paris, juin 2011).


Même si l’on ne s’intéresse – dans un premier temps, et de façon assez sectorielle – qu’aux monnaies à vocation économique (mais tout en rappelant l’intérêt de coupler celles-ci à des monnaies à vocation sociale dans une vision renouvelée de la richesse), les possibilités sont variées.


A titre d’exemple, les initiatives citées donnent différentes pistes possibles, qui sont d’ailleurs toutes complémentaires et peuvent être mises en place et développées de façon conjointe.

  • mettre en place des systèmes d’échange inter-entreprises facilitant les transactions (à l’image du WIR),
  • développer des monnaies locales et la promotion d’une économie locale et d’entreprises à valeur ajoutée sociale et écologique,…
  • promouvoir des politiques publiques en monnaie affectée complémentaire, politiques qui peuvent par ailleurs être couplées à la valorisation de gestes ou comportements solidaires et citoyens
  • etc….


Il ne s’agit pas ici de promouvoir tel ou tel design ou de choisir telle ou telle orientation, mais de mettre en évidence quelques points qui ressortent des expériences et initiatives en cours…


Note : ces pistes sont une première contribution à la recherche des conditions de mise en œuvre et développement de systèmes de monnaie sociale et complémentaire. Elles doivent être complétées à partir des enseignements des initiatives existantes, des réflexions et travaux de recherche sur ce sujet.

  • Sensibiliser, informer, former, sur les monnaies complémentaires et sur toutes les questions ayant trait au fonctionnement de la monnaie et aux marges de manœuvre des acteurs sur la question économique et financière. Ceci afin de permettre à chacun de se réapproprier la connaissance de ces questions, de comprendre l’importance de la maitrise citoyenne, de mettre à jour sa propre capacité d’action sur ces questions, et ainsi développer la « démocratie économique ».


Cela passe par …

  • Des outils de sensibilisation et information, populaires, pour que la connaissance ne soit pas seulement aux mains d’experts. Conférences et forums, outils, brochures, vidéos d’information, médias citoyens, mais aussi animations culturelles permettant de « parler » autrement de ces sujets.
  • Des publics variés et des acteurs relais (syndicats, associations, régies de quartier, médiathèques, services publics, écoles, comités d’entreprise, etc.)
  • La compilation de l’ensemble des outils d’information déjà existants et disséminés sur le web, mais également la production concertée d’outils à partir des initiatives existantes (et des enseignements de leurs pratiques).
  • Organiser des formations sur la monnaie et monnaies complémentaires auprès des élus et des administrations publiques, des chambres professionnelles, réseaux économiques et interprofessionnels, réseaux associatifs, etc… 


L’objet de ces formations étant de comprendre et de mettre en évidence le fonctionnement monétaire et ses présupposés, et le rôle potentiel des monnaies complémentaires dans le développement économique du territoire (mais un développement économique choisi) et dans la résilience de ces territoires par la localisation.

  • Favoriser, et faciliter, de cette façon, l’implication des collectivités et des entreprises dans les projets de monnaie sociale et complémentaire.
  • Favoriser, accompagner, participer aux dynamiques et démarches qui se mettent en place sur les territoires ou par des groupes d’acteurs.
  • Dans ces dynamiques, être attentifs (et même plus) à la qualité des processus de participation de l’ensemble des acteurs :
    • prise en compte des intérêts particuliers de chaque groupe d’acteurs partie prenante, construction des désaccords et recherche de l’objectif commun,
    • inclusion des populations, citoyens utilisateurs de la monnaie,
    • construction collective du projet (contours, calendriers, design et nom de la monnaie, définition des calendriers),
    • mode de gestion, de pilotage et de gouvernance,
    • transparence, qualité démocratique et recherche de consensus (qui ne veut pas dire non-considération des différences de points de vue ou d’intérêt, mais construction d’un sens commun)
  • Être attentif au travail sur le choix et la mise en œuvre de la méthode (garantie, émission, circulation, gestion, outils techniques libres ou propriétaires, etc...), dans le but de se donner des garanties de réussite, mais également pour permettre à chacun de s’approprier l’ensemble du projet, y compris dans ses déclinaisons techniques (et en éclairant comment ces techniques sont au service des objectifs collectifs et de chaque acteur participant) et diminuer, par ce processus de connaissance collective, le risque de captation par quelques uns.
  • Favoriser l’appropriation de la monnaie par tous les participants, citoyens et acteurs parties prenantes du territoire, comme un outil commun (« notre monnaie ») au service d’un modèle solidaire et inclusif.
  • Appuyer et financer ces démarches.
  • Favoriser, appuyer la mise en réseau pour des échanges d’expériences et de pratiques, l’apprentissage réciproque à partir des différentes dynamiques, comme au sein de l’Association SOL, du réseau des monnaies locales complémentaires ou encore, au niveau international, la dynamique initiée par le Séminaire International des Acteurs des Monnaies Complémentaires qui s’est tenu à Lyon en Février 2011).
  • Soutenir l’évaluation participative des initiatives, afin de disposer de résultats (quantitatifs et qualitatifs) permettant de démontrer leurs potentialités, en lien avec des laboratoires de recherche.
  • Approfondir les explorations déjà menées par les initiatives existantes (et les réponses obtenues qui donnent déjà un cadre légal) sur les conditions juridiques et égales de faisabilité, y compris pour ce qui concerne les marchés publics, règles d’émission de MSC, etc.),
  • Intégrer dans les modes opératoires propres à la collectivité des mécanismes de circulation de la MSC :
    • encourager la diffusion et la circulation de MSC,
    • utiliser la monnaie locale dans ses propres achats et pour le paiement des services proposés par la collectivité,
    • développer des politiques sociales en monnaie affectée liée à la monnaie complémentaire locale.
  • Explorer les possibilités d’aller plus loin par le biais d’une fiscalité acceptant le règlement des taxes et impôts locaux en MSC (comme cela se fait par exemple en Autriche avec la monnaie Talent) ou encore l’inclusion des monnaies sociales dans les clauses des appels d’offre et marchés publics.
  • Favoriser le développement de plusieurs systèmes d’échange. Appuyer, accompagner, développer également des monnaies temps, des réseaux d’échange de savoirs, de services, d’entraide, et toute initiative valorisant les richesses non monétaires, les richesses de chacun.